Illusion de la race [04]

Publié le 27 mars 2011 par Gab and Missiz

- - Elle a été trouvée, prononça un homme.

Ses traits étaient finement découpés, un capuchon retombait sur sa tête, suspendue sur un long cou. Sa langue sifflait hors de sa bouche. Une femme qui se tenait tout près, se retourna subitement suite à la nouvelle et s’approcha à pas feutré vers le reptile.

- - Que dis-tu…!? Demanda-t-elle.

- - L’androgyne a été trouvé, siffla-t-il entre ses dents.

Elle fronça des sourcils, pensant quelques instants, et disparut dans la noirceur d’un couloir. L’homme releva la tête vers le ciel qu’il apercevait au travers des fenêtres se trouvant sur le toit. Les cartes se jouaient et plus vite qu’ils ne l’auraient pensé. Ils auraient à agir en un rien de temps. Il pesta et disparu à son tour dans un couloir.

* * *

Elle se laissa tomber sur le sol après son départ et étudia la pièce tout en regardant le plafond. Narwenn soupira, tous les murs étaient d’une blancheur hivernale. Aucune fenêtre ne lui laissait le loisir d’observer l’extérieur, mais aussi de s’informer du temps de la journée. Du fait, elle perdait toute notion temporelle. Narwenn ferma les yeux, retournant à ses pensées. Cette chose sombre qui se dirigeait vers cet homme lui faisait peur. Bien plus qu’à lui, son esprit ne semblait pas s’en préoccuper plus qu’il ne le fallait. Elle bâilla et se coucha sur le sol, bien décidée à dormir. De plus, c’était bien la seule chose qu’elle pouvait faire.

* * *

Il passa sa main rageusement dans ses cheveux tout en marchant vers la pièce qui lui servait de chambre. Il ne pouvait plus se permettre d’écart de la sorte. Ce n’était pas de son ressort de trouver un nom ou bien même de sympathiser avec cette… cette chose. Bien qu’il fut fasciné par elle, il décida malgré lui de ne plus lui rendre visite. Mais d'un autre côté, il se le devait, afin qu’elle comprenne tout de lui. Il poussa la porte de sa chambre et empoigna le téléphone voulant appeler les deux hommes, mais se ravisa. Et si! Et si cette rencontre avec les chimères bouleversait son monde déjà si fragile. Il passa sa langue sur sa lèvre inférieure, songeur. Non. Les chimères étaient là pour lui apprendre, savoir tout. De plus, il serait avec elle pendant tout ce temps.

Il finit par composer le numéro et lorsqu’on décrocha, il ordonna à l’homme de convoquer les chimères. Il était temps, de plus, s’il dépassait la limite tout ce qu’ils avaient fait jusqu’à maintenant serait réduit à néant. Bien qu’elle ne se doute pas des cartes qui étaient jouées en cet instant, son destin était entre les mains de ce grand homme en qui elle avait mis sa confiance. Une confiance aveugle.

Une présence vint lui caresser la joue alors qu’il souriait. Bien entendu il devrait s’y faire, elle serait toujours à ses côtés même si elle était à des kilomètres plus loin. Elle existait pour lui et lui pour elle, du moins c’est ce qu’on lui avait toujours raconté. Il soupira et se laissa tomber sur son lit. Fermant les yeux, il sentit la présence se coucher à ses côtés et scruter les plus noirs de ses pensées.

- - Émerik… murmura-t-il.

Il sentit la présence frissonner de plaisir, alors qu’elle quittait la pièce satisfaite. Il s’endormit sans plus tarder. Demain, les chimères seraient là. Les temps durs commençaient. Ces temps auxquels il avait été préparé depuis sa tendre enfance. Ce destin auquel il échapperait, malgré lui. Malgré tout son désir de continuer, il ne le pouvait pas.

* * *

Le lendemain matin trois grandes silhouettes s’étaient dessinées dans le hall. La dame avait aussitôt été cherchée le concerné qu’elle tira des draps. Ce dernier leur apparut, les cheveux en bataille, torse nu. Il observa ces étranges visiteurs, aux traits distincts et leur fit un sourire. Une dame, dont la peau du visage était tachetée, s’avança vers lui, faisant une révérence.

- - Vous n’êtes pas obligé! Prononça Adryan quelque peu gêné.

- - Mais si, vous êtes celui qui a trouvé la perle rare. Cet enfant qui mettra fin à notre race, prononça-t-elle tout en souriant, dévoilant ses crocs acérés.

* * *

Sa queue se balançait tel un félin, en dehors de son long manteau. Elle regarda l’androgyne qui l’observait à son tour n’étant pas certain de croire ce qu’il voyait. Le félin lui sourit tout en faisant quelques pas en sa direction. L’androgyne voulut s’éloigner, mais Adryan lui fit signe de rester en place. Confiance. Pouvait-elle lui faire confiance? Elle en doutait, c’était tout de même lui qui l’avait trainé jusqu’ici. Elle se leva, malgré le refus de l’homme et s’attendit au pire. La dame avança encore en sa direction tendant une main vers son visage. Elle recula ce dernier, mais se ravisa. Sa main toucha la joue de Narwenn tandis que son visage prenait une forme masculine sous le regard émerveillé du félin.

- - C’est fascinant, souffla-t-elle.

- - Vous vous êtes vu…!? Lança alors Narwenn.

La femme rigola et tourna autour de l’androgyne. Adryan observait la scène sans trop comprendre ce qu’il se passait. La dame jeta un regard sur les deux autres silhouettes dont un capuchon recouvrait encore leur tête. L’un d’eux releva ce dernier dévoilant une tête écaillée dont une crête de reptile recouvrait depuis son front. À cette vue, Narwenn fronça des sourcils ne comprenant pas d’où ces choses pouvaient sortir. Dans un sens ils lui ressemblaient, mais dans un autre, elle, elle était humaine, moitié femme moitié homme. Pas moitié animale.

- - C’est bien lui, l’androgyne que nous cherchions. Adryan vous allez devoir nous quitter, son éducation doit être faite.

- - Sa véritable identité doit lui être dévoilée, ainsi que l’attente que nous avons tous envers lui, avança la deuxième silhouette qui n’avait pas encore dévoilé son visage.

Narwenn regarda ces trois étranges silhouettes qui l’intriguaient encore plus. Lui apprendre sa véritable identité, c’était un défi qu’elle adorait. Seraient-ils capables de le relever? En tout cas, l’aboutissement de la chose la faisait sourire. S’ils réussissaient bien entendu!

Adryan ouvrit la porte et quitta la pièce laissant les quatre chimères ensemble. Les faunes prirent place au sol, croisant leurs jambes. Narwenn resta debout et les regarda étrangement. La jeune femme au nez de félidé huma l’air et invita l’androgyne à prendre place devant eux. Ce dernier hésita et finalement déclina l’offre pour rester debout. La dame soupira, alors qu’elle jetait un regard embarrassé au reptile. Ce dernier lui fit signe de commencer à parler, l’androgyne finirait bien par s’assoir, lorsqu’il leur ferait pleinement confiance. Soit, la dame commença.

- - Connais-tu la race à laquelle tu appartiens? Demanda le félin.

Elle lui lança un regard qu’automatiquement les chimères comprirent; elle ne savait rien, absolument rien. Narwenn tourna en rond tout en changeant d’apparence, avant de se retourner vers eux. Elle leva un doigt, alors que son visage devenait plus viril, que ses yeux changeaient du turquoise au vert et que ses cheveux étaient d’un blond presque blanc. Narwenn prit quelques pouces en grandeur et fixa du regard la silhouette qui portait encore son capuchon.

- - J’aimerais savoir avant que l’on commence, qui vous êtes… ou qu’est-ce que vous êtes, demanda-t-il.

- - Je m’appelle Bogdan, ce que je suis et bien… je suis chimère comme toi, ainsi qu’eux, prononça-t-il d’une voix qui semblait sortir du plus profond de son être tellement elle était grave.

Narwenn frissonna en entendant cet homme parler, ce dernier éleva une main afin d’enlever son capuchon. La dame posa sa main sur son bras lui faisant comprendre qu’il n’était point obligé. Il soupira, continuant son geste. Tranquillement, le bout de tissus glissa sur cette tête qui aurait fait peur à bien des enfants. Un long nez pointu, suivi de deux yeux noir et d’une peau visqueuse de couleur grise qui au-dessous du nez devenait blanche, apparu sous les yeux terrifiés de l’androgyne. Ses dents acérées de forme triangulaire sortaient de sa bouche dont les lèvres étaient trop petites pour fermer sur cette mâchoire de requin. Sa main était palmée et une nageoire recouvrait son avant-bras. Bogdan plongea son regard d’encre dans les yeux maintenant orange de Narwenn.

- - C’est pour cela que je garde ce capuchon sur ma tête, qui ne serait pas effrayé, même toi qui es de notre race l’es.

- - Qu’est-ce que tu crois qui est plus effrayant ta tronche ou te lever le matin avec un pénis dans le pantalon!? Ce qui est le plus effrayant c’est de ne pas savoir si tu es une femme ou un homme, toi au moins tu le sais.

- - Du moins, toi tu restes humaine, souffla-t-il entre ses dents.

L’autre homme dont la langue sifflait de temps à autre posa une main réconfortante sur l’épaule de Bogdan. Ce dernier fit une grimace, qui devait être un sourire, au lézard. Il ferma les yeux et en les ré ouvrants, il déposa son regard sur l’androgyne.

- - Je suis Nell, et voici Yelena. Nous sommes chimères nous aussi.

- - J’avais remarqué…

- - Bon maintenant que les présentations sont faites, nous allons commencer. Le temps est contre nous! Siffla Nell ignorant la remarque de Narwenn.